Tuesday, April 14, 2009

swiss banking

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OPINION Mardi14 avril 2009

Le prestige du Swiss Banking vient de ce qu’il opère en Suisse
PAR ROBERT U. VOGLER
, historien, ancien archiviste de la BNS, estime que la place financière suisse garde des avantages, le secret bancaire n’en étant qu’un parmi d’autres
Ni avant, ni après la Seconde Guerre mondiale les banques n’ont développé leurs affaires grâce au secret bancaire. Au contraire, de nombreuses banques ont dû lutter pour leur survie. A l’exemple de la Banque Populaire Suisse (BPS), qui a été sauvée dans les années 1930 par un apport de l’Etat dans son capital à hauteur de 100 millions de francs (un quart du budget de la Confédération de l’époque), assorti d’un siège gouvernemental au conseil d’administration. Cette lutte des établissements suisses pour leur survie a duré jusqu’à ce que les activités de gestion de fortune se portent vraiment bien, à la fin des années 1960. Mais le secret bancaire n’a jamais été vendu activement à l’étranger en tant qu’avantage concurrentiel. Ce n’était pas nécessaire car la Suisse pouvait faire valoir d’autres avantages, qui la rendaient attrayante pour les étrangers souhaitant déposer leurs avoirs dans ses banques.
La place financière et l’économie vantaient ces avantages comme un tout. En faisaient partie la stabilité politique et la sécurité du droit, comparées par exemple à la France qui de 1945 à la fin des années 1980 a nationalisé et reprivatisé ses banques par deux fois.
L’économie suisse a prospéré avec une inflation nettement moins élevée qu’à l’étranger. En outre, sa monnaie s’est imposée durant des décennies comme l’une des plus solides du monde. A l’époque de la Guerre froide, des crises pétrolières et de la dégradation de la valeur des devises dans de nombreux pays, la stabilité, voire la progression, de la monnaie était réjouissante pour les Suisses comme pour les étrangers. La Suisse n’ayant jamais connu de restrictions d’entrée ou de sortie des devises, le franc a été entièrement convertible en tout temps. Dans une modeste mesure, ces avantages politiques et économiques clairs ont été créés par la Suisse même, mais bien plus encore par ces circonstances défavorables, et souvent changeantes, dans les autres pays.
Dans le secteur de la gestion de fortune, les principaux clients des banques privées et cantonales, ainsi que des grandes banques, ont été depuis toujours des Français, des Italiens et des Allemands, et dans une moindre mesure des Américains. Les clients n’ont pas été les seuls à profiter de ces avantages. Grâce à une devise forte et à des taux d’intérêt bas, la place économique suisse a également profité de conditions financières avantageuses. Parmi les principaux bénéficiaires se trouvaient aussi la Confédération, les cantons et les communes, par le truchement des rentrées fiscales. Ces sommes ont été réinvesties principalement à l’étranger. Ce qui signifie que ces mêmes pays qui reprochent à la Suisse de s’enrichir grâce à la fraude et à la sous traction fiscale en ont tiré profit à leur tour.
Les attaques contre le secret bancaire helvétique font partie d’une longue tradition. Juste après la guerre, la place financière suisse et ses banques ont été régulièrement la cible des procureurs et des autorités américains. Sans oublier les (souvent) fausses déclarations dans les médias du monde entier, annonçant que tous les dictateurs et despotes auraient déposé des millions, voire des milliards, dans les banques suisses.
Le secret bancaire suisse s’est «fabriqué» une aura douteuse grâce aux romans de gare et aux films hollywoodiens de série B. Malgré une législation exemplaire et de nombreuses prescriptions en matière de blanchiment d’argent, cette image n’a pu être effacée aux yeux du monde.
Depuis quelques années, l’amélioration de la stabilité politique et économique dans de nombreux pays européens et dans d’autres régions du monde réduit ces avantages. Le secret bancaire reste important, mais n’est plus qu’un facteur parmi d’autres dans la concurrence que se livrent les places financières. Cependant sa valeur ne faiblit pas, si l’on en croit l’évolution que l’on observe en Allemagne notamment. L’intrusion des autorités fiscales directement dans les avoirs déposés dans les banques par les citoyens, les soi-disant «clients transparents», ne devrait bientôt plus avoir de légitimité. Par la force des choses, une certaine «confidentialité» deviendra indispensable si nous ne voulons pas déraper vers un Etat totalement policier. Le secret bancaire retrouvera bientôt toute sa signification.
Ce que la gauche et les ONG n’ont jamais réussi à obtenir semble désormais arriver du fait d’un mauvais modèle d’affaires dans la banque privée et du comportement malhonnête de collaborateurs d’une grande banque suisse. Le secret bancaire devrait aussi survivre à cette tempête.
Deux choses sont à changer: la différenciation entre fraude et évasion fiscales, peu compréhensible pour de nombreux Suisses, doit être définitivement supprimée. Il s’agit d’un seul et même délit, punissable par des amendes plus ou moins élevées, des rappels d’impôts et, dans les cas les plus graves, par de la prison. Deuxièmement, le «onshore banking» d’instituts suisses dans des pays étrangers, en particulier aux Etats-Unis, doit être considéré comme un modèle d’affaires erroné. Le «Swiss Banking» ne peut avoir du succès qu’en Suisse. Personne ne veut d’une Swatch faite en Chine ou d’une Rolex à Taïwan. De telles montres perdraient le label «Swiss Made».
En aucun cas, l’échange automatique d’informations ou les «fishing expeditions» menées par des autorités étrangères ne devraient être autorisés. Les politiciens et les banques doivent s’y opposer avec la plus grande fermeté, car les autres marchés financiers sauront profiter avec brutalité de la faiblesse de la Suisse. Mais si nous faisons bien notre travail, nous ressortirons renforcés de cette crise, les valeurs traditionnelles des banques suisses seront de nouveau opérantes et amèneront un nouvel élan, pour le bien de tous les citoyens.
*Auteur d’une étude sur le secret bancaire (www.swissbanking.ch).

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